L'Education nationale et les enfants
intellectuellement précoces
Il y a 20 ans, certains parents qui avaient décelé une grande
vivacité d’esprit chez leurs enfants, osaient à peine en parler
à leurs maîtres, surtout si ces mêmes enfants avaient de mauvais
résultats scolaires.
Le rythme d’apprentissage trop lent pour ces élèves incitait
parfois les parents à demander des sauts de classe et se
voyaient répondre : « il n’est pas mûr» ou encore « S’il était
aussi doué que vous le dites, il aurait de meilleurs résultats »
A ce jour, sous la pression des associations, les mentalités
ont un peu évolué. L’Education nationale a fait des efforts. Il
y a moins de réticence de la part de certains enseignants qui
ont suivi des formations, ont assisté à des congrès sur la
précocité, ont lu des essais et ont appris à reconnaître parmi
leurs élèves, ceux qui avaient des aptitudes particulières.
Certains même ont compris que leurs propres enfants auraient
aussi à gagner si le système leur était plus favorable : encore
qu’eux avaient le mode d’emploi pour contourner les obstacles.
Ne dit-on pas des enfants d’enseignants qu’ils font partie des
« héritiers » dans le domaine scolaire et universitaire.
Mais toutes les résistances n’ont pas encore disparu et de
loin.
L’incompréhension, la jalousie parfois et surtout l’idéologie
font encore barrage. La plupart des gens n’acceptent pas ces
enfants tels qu’ils sont et veulent les faire entrer dans des
moules trop petits pour eux.
Qu’a fait l’Education nationale ?
Les ministres Jack Lang, et surtout Xavier
Darcos ont fait tout ce qu’ils ont pu. On leur doit toutes les
avancées actuelles, à savoir :
·
Reconnaissance de la précocité
·
Formation des
enseignants
·
Un référent par
Académie pour entretenir le dialogue avec les parents et les
enseignants
·
Dérogation au
secteur scolaire
Dans la circulaire, de la rentrée
2013 d’une vingtaine de pages, quelques lignes ont pris ces
enfants en considération dans un paragraphe réservé "aux
handicapés et aux enfants à besoins éducatifs particuliers".
Les dérogations au secteur
scolaire pour besoins particuliers ont été quasiment supprimées, ce qui ne
manquera pas de réjouir les écoles privées qui ne sont pas
astreintes à la sectorisation.
Grande insistance a été faite sur
le principe de la classe hétérogène.
Si ce principe est excellent en
maternelle et en primaire, (un maître unique pendant 25 heures
hebdomadaires), il est désastreux en collège où seules des
classes spécifiques permettent aux enfants précoces d’aller à
leur rythme. Comment au sein d’une classe hétérogène, un
professeur pourrait-il prendre en compte en 55 minutes de cours,
les différences de tous les élèves qui lui sont confiés ?
et les élèves en difficulté devraient pouvoir bénéficier d'un
effectif allégé - entre 13 et 15 élèves pour pouvoir réussir..
Tous les jours, on nous rebat les
oreilles sur le besoin d’innovation, de création Quand on sait
que 30% des enfants précoces sont en état d’échec en fin de
troisième faute d’avoir été nourris convenablement et pour
s’être ennuyés au point de tout lâcher en collège, on se demande
pourquoi on se prive de ce vivier de cerveaux.
Depuis Langevin et Wallon, le
collège est malade et tous les emplâtres, tels cauters sur
jambes de bois, n’ont aidé ni les élèves en difficulté, ni les
brillants élèves. L'hétérogénéité, le collège unique n'ont
pas fait leurs preuves.
Les textes insistent sur la prise
en charge des élèves en difficulté – y compris les enfants
précoces - ce qui est tout à l’honneur de l’Education
nationale, mais à l’époque où on attache tant d'importance "au
principe de précaution", ne serait-il pas bon de faire aussi
pour les EIP de la prévention de l’échec scolaire en
respectant leur rythme d'apprentissage?
Tous les pays chouchoutent les
enfants qu’ils n’ont pas peur d’appeler surdoués. Pourquoi pas
nous ?