Sauts de classe
Si l’enseignante est d’accord pour un saut de classe parce qu’
elle pense qu’elle n’a plus rien à apprendre à l’EIP , les
parents devront suivre les procédures nécessaires pour obtenir
le saut de classe. Le parcours sera assez facile
Mais généralement, le situation est beaucoup plus compliquée.
Voici le genre de dialogue parents enseignant qui va s’instaurer
si le maître n'a aucune idée de ce qu'est un EIP
-
En maternelle
-
Mon fils ne peut s’accommoder d’exercices trop faciles
pour lui : il devrait sauter une classe. Peut-on, dès à présent,
le mettre en grande section de maternelle ? »
-
Il n'est pas mùr
La maturité !
- Qu’entendez-vous par là ?
- Quand il a fini son travail, il joue. Il ne sait pas s’habiller
seul, il n’est pas sociable, il n’a pas
d’amis. Il a un mauvais graphisme.
-S’il était avec des enfants plus âgés qui
partagent ses intérêts, peut-être serait-il plus sage, peut-être
trouverait-il des partenaires de jeu ? D’autre part, il a un
rythme d’apprentissage très rapide, il a une excellente mémoire,
une grande curiosité et un vif désir d’apprendre.
- Les parents tiennent tous le même langage. De toute façon, il n’est pas
le meilleur de la classe, cela créerait un précédent. Et
l’Inspectrice de l’Education Nationale (IEN) ne serait pas favorable à cette affectation.
Conclusion : Le saut de classe n'est pas accordé.
Que faire ?
Trois solutions sont envisageables :
-
soit le statu quo,
- soit le dialogue réitéré, intensifié jusqu’à l’épuisement
de l’adversaire à condition de mobiliser toutes ses forces pour
ne pas être épuisé avant lui
-
soit la déscolarisation.
Les trois solutions présentant des inconvénients, il faut
choisir la moins mauvaise.
Choisir le statu quo, c’est abandonner l’enfant à son sort,
totalement incompris et sans soutien de ses parents. Le
déscolariser, c’est creuser le fossé entre lui et les autres
enfants. Il est déjà marginalisé, il le sera encore plus. Et à
vivre seulement avec des adultes, ne risque-t-il pas de devenir
un petit vieux ?
La deuxième solution semble une sorte de compromis.
Les parents auront-ils assez de ténacité pour maintenir un dialogue
aussi mal parti ?
Le saut de classe n’est qu’un palliatif dans un système
scolaire manquant de souplesse.
Il existe encore en France quelques classes uniques qui sont
extrêmement rares et toutes en voie de disparition. Ces classes
implantées en zone rurale regroupent une quinzaine d’enfants de
tous âges. Et la maîtresse ou le maître fait faire à chacun ce
qu’il est en mesure de faire. Récemment, en Savoie, une petite
fille de sept ans et demi avait fini sa scolarité primaire, sans
efforts. Elle était la meilleure de la classe. La question d’âge
n’avait jamais été prise en considération. Pour elle, réussite
scolaire et intégration allaient de pair.
En primaire
Actuellement la meilleure formule est la classe à deux
niveaux, par exemple CP et CE1. L’enfant précoce est inscrit en
CP fait les deux cours à la fois et, sans saut de classe passe
en CE2 à la fin de l’année. Deux obstacles empêchent la
généralisation de ce système : la gestion des effectifs qui
varient d’une année à l’autre et qui rendent incertaine la
prévision de structures de ce type et surtout la difficulté pour
les enseignants d’enseigner sur plusieurs niveaux dans une
classe de vingt cinq élèves, voire plus.
Reste le saut de classe.
Quand peut-on recommander des sauts de classe ?
Quand un enfant a de bons résultats scolaires, qu’il a acquis les
compétences requises dans le niveau où il est et qu’il ne peut
plus tirer aucun profit de l’enseignement qu’il reçoit, il faut
envisager pour lui un saut de classe pour éviter une rupture
dans les apprentissages.(Loi de 1989 modifiée par la
circulaire de juin 1992) Freiner un enfant, c’est le dégoûter de
l’étude. Toutefois, certaines précautions sont à prendre en ce
qui concerne les enfants dyslexiques et ceux qui ont de graves
problèmes à l’écrit. Leur demander un effort supplémentaire pour
s’adapter à une classe supérieure peut accroître leurs
difficultés. Il faut être prudent et s’entourer d’avis
autorisés. Psychologues, orthophonistes et graphothérapeutes
sont de bon conseil.
Quelle est la classe la plus favorable à un saut de classe ?
En maternelle et en primaire, toute classe peut être sautée mais
les obstacles administratifs de la commission d’affectation en
sixième rendent le passage de CM1 en sixième, plus ardu. Il vaut
mieux prévoir le saut de classe dans les niveaux précédents.
L’école primaire a pour mission d’apprendre aux enfants à
lire, à écrire et à compter.
(Le Ministre de l’Education qui, un jour avait rappelé
cette vérité première, était passé
pour révolutionnaire. Le Ministre actuel, Jean-Michel BLANQUER
a remis cette vérité à l'ordre du jour). Chaque
année les notions sont reprises et approfondies. L’enfant précoce peut approfondir directement.
Le moment le plus favorable ? quand il culmine loin au-dessus
des autres ou quand il commence à régresser.
L’enfant précoce aime être confronté à des difficultés
qu’il a plaisir à surmonter. La résolution de tout problème
est pour lui très stimulante. Si les notions qu’on enseigne lui
sont déjà acquises, il s’ennuie. Tant qu’il est maintenu dans un
no-man ‘s land n’exigeant de lui aucun effort, il végète. Un
enfant qui ne progresse pas, régresse. Sa curiosité s’émousse et
son appétence pour l’étude se tarit. Si cette situation perdure
et que les parents demandent un saut de classe quand l’enfant
est presque déjà en échec scolaire, il ne sera plus
envisageable. Ce n’est déjà pas facile de convaincre un
enseignant de l’accepter pour un bon élève, cela devient
impossible si ses résultats sont insuffisants.
Certains parents appréhendent les sauts de classe surtout si l’enfant a
réussi à se faire des amis au sein de sa classe et s’il redoute
le changement. Si c’est la maîtresse qui le conseille, c’est
mieux accepté. Bien sûr, il faut l’y préparer et tenir compte
de l'avis de l'enfant.
L’’accélération du cursus scolaire en maternelle et en primaire est
sans danger. Elle est plus hasardeuse au niveau du collège :
quelle est la classe qui comporte le moins de risque de
lacunes ? et comment convaincre huit professeurs au lieu d’un
seul en primaire ?
Si saut de classe il doit y avoir, il vaut mieux ne pas attendre le
collège.
Les procédures : Le conseil de cycle
En cas de
difficultés éventuelles, Il faut demander l’aide du Référent
– un par Académie. Nommé par l’IA, son rôle est précisément
destiné à faciliter le dialogue parents enseignants. Le dossier
de l’enfant qui lui est soumis doit être très solide.
(voir
l’excellent site consacré aux familles sous la rubrique
"sauts de classe"
http://ccalloch.free.fr/objections
Quand des parents veulent, sur le conseil de la psychologue ou de
l’enseignante, faire sauter une classe à leur enfant, ils
doivent adresser à l’école une lettre dans laquelle ils
précisent leur souhait et donner les arguments concrets de
nature à construire le dossier. Le cas est soumis au
conseil de cycle.
Toute décision administrative doit être motivée :
Trois types de compétences ont été distingués par l ‘EN
-
Les compétences transversales (tenue des cahiers,
classeurs, dossiers, utilisation des outils....)
-
Les compétences d’ordre disciplinaire (français,
mathématique, ...)
-
Les compétences dans le domaine de la maîtrise de la
langue
sur lesquelles le conseil doit se prononcer.
L’âge de l’enfant ne peut justifier une décision de maintien dans
une classe où seraient repris des apprentissages déjà maîtrisés.
Tout argument subjectif, tel que « manque de maturité » est
irrecevable.
Que faire en
cas de refus du conseil de cycle ?
La décision
du conseil de cycle peut faire l’objet d’un recours auprès de
l’Inspecteur d’Académie. Si la décision de rejet est maintenue,
reste le recours auprès du tribunal administratif.
Une lettre
doit être adressée au Président du Tribunal administratif
accompagnée d’un timbre fiscal et parallèlement, une lettre,
également accompagnée d’un timbre fiscal, est déposée au greffe
du Tribunal administratif vu l’urgence ou envoyée au Juge des
Référés du Tribunal administratif pour sursis à
exécution de la décision de maintien.
Les recours étant épuisés, en cas de refus, mieux
vaut l’inscrire dans un établissement privé sous contrat qui
jouit souvent de plus de souplesse bien qu’obéissant aux mêmes règles
que le public pour les passages de classe. L’enfant commence son
année dans la classe où il est affecté et au bout de quelques
jours, après que l’enseignant a testé son niveau et vérifié
qu’il maîtrise les connaissances requises., il passe dans la
classe supérieure où le rythme d’apprentissage est plus adapté.
Un inconvénient cependant, il arrive dans une classe déjà
constituée mais tout vaut mieux que le désintérêt encouru dans
un niveau trop faible pour lui.